Dessiner c’est l’idée : l’apport de la facilitation graphique !

Cela fait maintenant quelques années que je m’intéresse à la facilitation graphique, c’est pour moi un outil du quotidien. Une pratique qui me sert à réfléchir, prendre des notes, échanger, argumenter, etc. C’est aujourd’hui devenu un réflexe, sans même y réfléchir, ma main utilise le dessin comme un langage, un moyen d’expression visuel de la pensée. 
 
La facilitation graphique est un bon moyen de réintroduire le dessin dans son quotidien. Cela permet facilement de développer la créativité et peut devenir rapidement un outil indispensable dans tout projet de conception. 

Qu’est-ce que la facilitation graphique ? 

Le live SketchingDessins rapides à main levée utilisés pour visualiser et explorer des idées en début de processus de design. More est un usage de la facilitation graphique, il en existe beaucoup d’autres, souvent moins connus. 
 
La facilitation graphique peut s’appréhender de diverses manières et peut devenir rapidement une pratique accessible à tous, seul ou en équipe, sans talent particulier pour dessiner et avec peu de matériel. 
 
L’important est de savoir représenter son idée visuellement, pas d’en faire un beau tableau. 
Une fois la peur du dessin dépassée, la facilitation graphique peut-être un moyen de communication puissant pour donner vie à vos idées et pour les partager facilement. 

L’apport de la facilitation graphique en design 

Que vous soyez expert en design, débutant ou d’un autre métier et intervenez de près ou de loin dans un projet de design, de nombreux défis sont à relever et pour beaucoup peuvent devenir difficile à appréhender ou à surmonter. 
 
Pour mieux comprendre l’apport de la facilitation graphique en design, j’ai résumé les étapes d’un projet de design en cinq grands enjeux qui, selon moi, sont fondamentaux dans la pratique ou la pensée en design. 
 
 
1. Gérer la complexité pour générer des idées 
 
Un projet de design est d’abord un projet technique où plusieurs métiers, personnalités, contraintes et règles vont devoir cohabiter et s’entendre. Il y a donc beaucoup d’informations à capter, analyser, retranscrire et à partager avec les équipes et les parties prenantes. 
 
Traduire ces informations en dessin permet naturellement de les synthétiser, les organiser et les hiérarchiser. Les messages clés se dégageront, et d’ailleurs, les premières idées et concepts peuvent déjà émerger à cette étape. 
 
Le dessin est un langage commun. Il facilite la compréhension des sujets, des objectifs et le partage avec les équipes. 
 
 
2. Inspirer et embarquer les équipes 
 
Se lancer dans un projet de design, c’est se préparer à une aventure collective vers l’inconnu. Pour convaincre une équipe de s’embarquer avec vous dans une direction, il faut d’abord l’inspirer.
 
Grâce au dessin, la transmission des idées et des émotions est immédiate, ce qui décuple l’impact mémoriel.

La facilitation graphique stimule l’imagination collective et encourage à rebondir sur de nouvelles idées ou d’autres points de vue. Rien de mieux pour libérer la parole, c’est donc très efficace pour embarquer une équipe. 

3. Définir et porter un objectif commun 
 
Laisser libre cours à son imagination et lâcher prise est une chose, mais converger vers une direction, être en accord sur un objectif commun est un exercice plus difficile en design. 
 
Nombreuses sont les réunions et les ateliers où l’auditoire est distrait, peu impliqué, voire complètement désintéressé. Il est important de recentrer l’attention ! Vous l’aurez compris, là encore le dessin est un bon moyen de faire poser les téléphones, de mobiliser les équipes et de susciter des débats passionnants autour des idées et des concepts exprimés sur papier. 
 
4. Coacher pour atteindre l’objectif 
 
Le designer est un guide pour les équipes projet, véritable garant de la création, il est moteur pour transformer le conceptuel en concret. Il retranscrit les objectifs en images.  
 
La facilitation graphique permet d’aligner les discussions et les débats qui peuvent rapidement être des sacs de nœuds. Un simple dessin et quelques mots suffisent pour matérialiser un concept complexe, ou une idée abstraite. Les interlocuteurs sont plus concentrés, les échanges sont plus fluides et les idées ou les contraintes sont plus facilement acceptées. 
 
 
5. Développer la créativité 
 
Lever la barrière des contraintes, se donner les moyens d’être libre, de se tromper, explorer sans limites, trouver des opportunités dans les erreurs… L’enjeu de la créativité est partout, à chaque étape du projet et pour tous ! 
 
Non ce n’est pas une super compétence ou une méthode magique, la créativité ! Dans son article “Un bon UI Designer doit-il être un créatif de génie ?” Florian Humeniuk explique bien que la créativité est une question de moyens ou de succession de moyens et non pas un don venu du ciel. 
 
S’intéresser à la facilitation graphique peut-être un bon premier moyen pour stimuler la créativité. Dessiner, c’est laisser sa créativité s’exprimer librement. Vos idées deviennent immédiatement plus concrètes et peuvent s’exposer facilement à d’autres idées. 

Oui mais… je ne sais pas m’amuser dessiner 

Le dessin, très présent dans notre petite enfance comme moyen d’expression est rapidement mis de côté et pour beaucoup de personnes totalement abandonné à l’âge adulte. Souvent assimilé au talent et au style, beaucoup de gens pensent que c’est quelque-chose d’inné. Dessiner c’est s’exposer aux autres, se comparer et parfois être jugé. 
Même pour dessiner un simple schéma, j’entends souvent “Je suis nul, je ne sais pas dessiner” ! Il y a un vrai blocage ! 
 
Pourtant le dessin reste l’un des moyens d’expression le plus ludique et simple pour échanger sur des idées. Prenons par exemple le jeu du Pictionary, inventé à la fin des années 80. La règle est simple, faire deviner un mot uniquement par le dessin. Pas besoin de style ni de grand talent pour s’amuser, c’est le sens que l’on va mettre dans son dessin qui va permettre à son partenaire de deviner le mot. C’est précisément ce sens dans son dessin que l’on cherche à développer dans la facilitation graphique, plus que de bien savoir dessiner. S’exercer à la facilitation graphique, c’est donc avant tout entrer dans un jeu, s’amuser !
 
L’important c’est de créer le réflexe du dessin. Avec quelques premiers exercices ludiques, à faire quotidiennement, on peut rapidement lever le blocage et commencer à introduire de la facilitation graphique dans son travail, d’abord pour soi puis avec plus d’assurance dans des échanges avec d’autres. Enfin, une fois que vous avez le réflexe de dessiner, l’introduire dans des présentations devient un jeu d’enfant. 
 
Quelques pistes d’inspiration en facilitation graphique, voici quelques cas d’usage où vous pouvez facilement introduire du dessin : 
 
1. La prise de notes 
Plutôt que d’écrire de longues phrases, essayez de dessiner ! 
A la maison, remplacez votre liste de courses par des dessins. 
 
2. Résumer un document complexe ou volumineux 
C’est mon exercice préféré ! Si vous avez un document à lire, ou même un simple article, au fur et à mesure de la lecture, retranscrivez ce que vous venez de comprendre en dessinant et en utilisant des mots-clés. Vous obtenez une « mini » fresque visuelle de votre compréhension du document. Vous pouvez maintenant prendre du recul et la partager facilement.
 
3. Préparer une présentation (storyboard, mindmap, etc.) 
Que vous ayez une simple idée à présenter ou toute une expérience utilisateur, essayez de rendre les choses aussi visuelles que possible avec le dessin. 
 
4. Le coaching visuel 
Si vous avez un message à transmettre à une ou plusieurs personnes, essayez d’introduire dans vos échanges quelques dessins et mots clés. 
 
5. Fresque globale “partager une vision collective” 
Vous avez à partager, un brief, un ensemble de règles ou de principes, une vision, essayez de la dessiner en amont, de préférence sur un grand format pour faciliter le partage (l’afficher sur un mur). 
 
6. Faire un enregistrement visuel 
Si vous assistez à une réunion ou à une conférence et que vous recevez passivement des informations, prenez le temps de retranscrire en direct ce que vous entendez et voyez (sur un grand format sur un mur ou dans un cahier).
 
7. Le parler, dessiner 
Un moyen efficace pour captiver votre auditoire est de synchroniser la représentation graphique avec votre explication orale d’une idée ou d’un concept. Pendant que vous expliquez verbalement, essayez de les représenter graphiquement sur un tableau, un paperboard ou un grand format sur un mur.

A vous de jouer ! 

Pour bien commencer, prenez le dessin comme un jeu en l’introduisant progressivement dans votre travail et votre vie quotidienne. Rapidement, les premiers bénéfices de la facilitation graphique apparaîtront.

Laurent Pierre