1 décembre 2025

IA : anticiper nos intentions sans sacrifier notre vie privée

Le vrai challenge qui attend les designers

Il y a quelques jours, j’étais concentré sur un document. Vraiment concentré. Et là, une petite notification m’interrompt. Pas un mail, pas un message. Juste un pop-up qui dit : « Votre réunion de 14h est confirmée. Rien d’urgent. » Un détail. Mais exactement ce qu’il fallait, au bon moment. Il y a encore quelques mois, j’aurais ouvert un mail, cherché l’info, perdu une minute, brisé mon flow. Aujourd’hui, le système comprend suffisamment le contexte pour me laisser travailler.

Et c’est de ça que je veux parler : de ce moment où nos outils commencent à comprendre ce qu’on essaie de faire avant même qu’on appuie sur un bouton. Pas pour deviner nos pensées mais pour éviter de perdre du temps sur des micro-tâches à peu de valeur ajoutée.

Une nouvelle ère est en marche

On est en train de sortir d’un numérique passif pour entrer dans un numérique qui anticipe. Pendant des années, nos applications ont attendu qu’on leur dise quoi faire. Elles étaient utiles mais complètement aveugles. Aujourd’hui, entre le NLP, les modèles de contexte et les premiers assistants intégrés, une nouvelle couche apparaît : la perception de l’intention. Rien de magique. Juste un changement de paradigme.

Le problème, c’est que dès qu’un système anticipe, il observe. Et dès qu’il observe, il faut se poser une question simple : jusqu’où un outil doit-il nous regarder pour nous aider intelligemment ? On touche à des zones sensibles : préférences, routines, messages, signaux faibles. Et là, la technologie ne suffit plus. C’est le design qui devient central. Pas le design cosmétique, mais celui qui structure la relation entre l’utilisateur et la machine. Celui qui clarifie, rassure, explique, limite, autorise.

Un bon design de l’IA, c’est celui qui laisse la main à l’utilisateur, qui dit ce qu’il fait, qui permet de refuser, d’ajuster, de contrôler. C’est ce qui fait la différence entre assistance et intrusion.

Prenons un exemple simple.

Sur Gmail, on reçoit un mail en anglais. On répond en français. L’IA traduit à la volée, propose deux intentions possibles, prépare même un événement dans l’agenda. On reste aux commandes, elle prépare le terrain. C’est une vraie aide. Imagine la même fonctionnalité sans garde-fous : une IA qui envoie une réponse automatique ou qui booke un créneau sans demander. On bascule immédiatement dans l’absurde.

Même idée avec les résumés automatiques dans Slack ou Teams. Sur le papier, c’est génial. Dans la réalité, résumer uniquement ce qu’il y a dans un thread sans aucun contexte autour, c’est souvent inutile. On obtient des résumés superficiels, coupés de la réalité, parce que l’IA est enfermée dans un silo. Sans vision globale, il n’y a pas d’intelligence. Sans transparence, il n’y a pas de confiance.

Ce futur n’est pas lointain.

Il est déjà là. Nos outils deviennent plus intelligents mais aussi plus intrusifs. Et plus ils anticipent, plus la question de la vie privée devient critique. Où sont traitées les données ? Sont-elles stockées ? Partagées ? Comment refuser ? Comment comprendre ce qui se passe ? Ce futur demande un design capable de cadrer, d’expliquer et de rassurer sans ralentir l’expérience.

Chez Frontguys, c’est exactement ces sujets qu’on explore en ce moment. D’un côté, comment produire plus vite sans sacrifier la qualité. De l’autre, comment intégrer une IA vraiment utile dans les produits de nos clients : une IA qui comprend le contexte, qui aide quand il faut, qui ne pousse rien toute seule, qui ne triche pas. Pas une IA qui automatise tout, juste une IA qui rend l’expérience plus fluide et plus humaine.

On pense que le futur des interfaces ne sera pas AI-powered mais intention-powered. Des expériences qui ne cherchent pas à deviner nos pensées mais qui accompagnent nos gestes. Des outils qui ne nous volent pas notre attention mais qui nous la rendent. Des produits qui gagnent du temps pour l’utilisateur, pas contre lui.

Quelles limites ?

Et c’est là que la vraie question commence : jusqu’où êtes-vous prêts à aller dans l’assistance automatisée ? Quelles fonctionnalités intelligentes vous semblent réellement utiles ? Et où, au contraire, sentez-vous le glissement vers l’intrusion ?